L’éradication de la faim n’est pas la mission d’une seule personne. Pour être menée à bien, elle doit concerter les efforts du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial et des administrations municipales. Distribution alimentaire, collectes de fonds ou soutien aux communautés locales, Feed Ontario porte plusieurs chapeaux lorsqu’il s’agit de venir en aide aux personnes dans le besoin de la province.
« Nous comptons 132 banques alimentaires membres et, par leur entremise, nous rejoignons 1 100 autres organismes affiliés, indique Rachel Dixon, directrice du développement à Feed Ontario. Durant la pandémie, les banques alimentaires de l’Ontario ont été confrontées à de nombreux défis en plus d’une hausse du nombre de clients. Grâce à Link2feed, nous avons recueilli d’importantes données sur les visiteurs des banques alimentaires en Ontario qui révélaient, notamment, qu’il s’agissait d’une première visite pour de nombreuses personnes et familles. Dans les trois premiers mois de la pandémie seulement, le nombre de nouveaux visiteurs a bondi de 26 %. »
L’association provinciale avait été témoin des nombreuses difficultés passées des banques alimentaires, mais aucune n’était comparable à celles résultant de la pandémie.
« Lorsque le gouvernement provincial a instauré les mesures d’urgence en mars 2020, l’approvisionnement local est devenu un défi. Avec les retards de livraison provoqués par la pandémie, les banques alimentaires n’arrivaient pas à répondre aux besoins croissants des communautés aussi rapidement qu’elles l’auraient souhaité, notamment parce qu’elles étaient confrontées à la hausse soudaine du nombre de personnes dans le besoin. De plus, elles devaient concilier la distanciation physique et les autres consignes de santé et sécurité mises en œuvre par la province avec la présence de bénévoles dans leurs installations. D’ailleurs, elles ont été nombreuses à devoir temporairement fermer leurs portes aux bénévoles. Je n’ai pas l’habitude de travailler directement avec les banques alimentaires, mais l’an dernier, je l’ai fait, puisque tous les membres de notre personnel ont effectué des suivis auprès de nos membres. J’ai été à même de constater les défis qu’elles devaient surmonter. De nombreuses petites banques alimentaires dépendent principalement de bénévoles, et leur fragilité me brisait le cœur. »
Feed Ontario devait trouver rapidement des moyens d’aider ses banques alimentaires membres.
« Nous avons donc créé le programme de paniers alimentaires d’urgence COVID-19. Ainsi, dès les premiers mois, nous avons préemballé dans un lieu central des paniers qui contenaient assez des denrées pour nourrir une personne pendant une semaine. Nous avons expédié ces paniers aux banques alimentaires de la province. On éliminait du coup la nécessité d’avoir des bénévoles sur place et l’on palliait l’accès limité aux aliments nutritifs à l’échelle locale. Les banques alimentaires n’avaient qu’à livrer les paniers aux personnes dans le besoin. »
Et ce programme a vraiment porté ses fruits.
« Dans les premiers mois de la pandémie, nous avons réussi à livrer l’équivalent de 8,2 millions de jours en denrées. »
Toutefois, ce n’était qu’une solution temporaire. L’organisme s’est donc penché sur la situation et a développé divers programmes à long terme pour rejoindre plus de communautés.
« Il était nécessaire de modifier notre approche et de trouver des moyens de créer et d’outiller plus de banques alimentaires pour qu’elles répondent mieux aux besoins des communautés à long terme. Nous avons donc lancé le programme d’approvisionnement en denrées de base Full Shelves. Ce programme, qui fait appel à de nouveaux partenaires, permet d’adapter les expéditions de denrées : les grandes banques alimentaires reçoivent des chargements complets, les plus petites banques alimentaires, des palettes simples ou même des demi-palettes. Et, comme de nombreuses banques nous ont indiqué qu’il était très pratique, nous avons décidé de maintenir notre programme de paniers préemballés. Le programme de subventions Feed Possibility est une autre solution née de cette nouvelle approche. Grâce à ce programme, les banques alimentaires disposent des ressources nécessaires pour renforcer leur capacité de distribution d’aliments frais, élaborer des pratiques exemplaires et investir dans des projets novateurs destinés aux personnes qui souffrent de la faim dans leur communauté. De nombreuses innovations ont vu le jour durant la pandémie, et certaines auront une vie après celle-ci. Il faut donc s’assurer que les banques alimentaires reçoivent l’aide dont elles ont besoin pour sans cesse se renouveler. Nous travaillons également à trouver de nouvelles façons de servir les communautés plus au nord, qui doivent relever des défis plus grands que d’autres régions. »
L’organisme s’est aussi concentré sur les régions où les besoins sont plus grands.
« Notre objectif était de créer un milieu plus inclusif qui répond aux besoins des gens et qui donne accès aux banques alimentaires. Que faisons-nous pour nous assurer que l’aide alimentaire rejoint les personnes qui en ont besoin, peu importe où elles se trouvent? Comment pouvons-nous aider nos banques alimentaires à aider ces personnes? Comment pouvons-nous travailler avec le gouvernement et les communautés pour trouver des solutions durables à la faim et à la pauvreté? Nous voulons faire partie de la solution et non du problème. »
Outre la logistique, ce qui a marqué plusieurs, c’est la force du réseau.
« Nous avons vécu bien des bouleversements durant la pandémie, et les banques alimentaires se sont adaptées de manière remarquable. Nous savions tous et toutes que le réseau de banques alimentaires de l’Ontario était résilient, mais cela n’a jamais été aussi vrai que pendant la pandémie. Maintenant, nous sommes plus forts et collaborons mieux. Tout cela est vraiment très inspirant. »
Et n’oublions pas la compassion des gens de la province.
« Dans la dernière année, grâce à leur soutien, nous avons été actifs comme jamais auprès des banques alimentaires et des communautés. Sans eux, rien de cela n’aurait été possible. C’est incroyable que tant d’entreprises et de personnes se soient mobilisées pour nous aider. Je le répète, sans eux, les nouveaux programmes n’auraient jamais vu le jour. Les gens se sentent interpellés, ils veulent changer les choses dans leur communauté. Je ne compte plus le nombre de banques alimentaires qui veulent simplement dire merci à tous ces gens qui ont été des semeurs de bonheur. Je m’en voudrais de ne pas souligner les contributions de nos nombreux donateurs cette année. Je crois que les gens ont compris que la sécurité alimentaire est un enjeu à long terme qui ne disparaîtra pas avec la pandémie. Je crois que l’entraide est une valeur chère à l’Ontario et que sa population n’a d’autre désir que de l’incarner. Ensemble, nous pouvons vraiment nourrir l’Ontario. »