Tout au long de l’été, Banques alimentaires Canada a entrepris une « escapade routière » virtuelle de six semaines d’un océan à l’autre, mettant les banques alimentaires et les organismes de sécurité alimentaire de tout le réseau national aux manettes pour une série de relais sur Instagram.
Amorcée en juillet à la banque alimentaire Loaves and Fishes de Nanaimo en Colombie-Britannique, et conclue à la fin du mois août à la banque alimentaire Feed Nova Scotia dans les Maritimes, notre escapade routière estivale virtuelle nous a appris à chaque halte quelque chose de nouveau sur ce qui habite les banques alimentaires. Nous avons été époustouflés par la détermination des gens qui travaillent fort pour nourrir leurs voisins.
À la banque alimentaire Loaves and Fishes de Nanaimo, en Colombie-Britannique, nous avons appris que le personnel et les bénévoles dévoués servent entre 2 000 et 3 000 personnes chaque mois par l’entremise de leur réseau de dépôts de distribution alimentaire locaux. Cette banque alimentaire dispose également d’un entrepôt central qui livre des denrées aux organismes sans but lucratif locaux, aux banques alimentaires, aux écoles et aux communautés autochtones, soutenant ainsi près de 15 000 personnes dans le besoin partout sur l’île de Vancouver.
Portée par l’air frais de l’île, notre escapade routière virtuelle estivale nous a ensuite menés vers l’est pour rendre visite à nos amis de la @calgaryfoodbank en Alberta. Le personnel et les bénévoles qui travaillent d’arrache-pied nous ont expliqué qu’ils fournissent chaque année 121 800 paniers alimentaires – soit l’équivalent de 4,1 millions de repas – aux personnes dans le besoin.
Malgré tout ce travail extraordinaire, Betty Joe Kaiser, de la Calgary Food Bank, a également constaté une tendance inquiétante à l’échelle du pays, soit une demande en forte hausse dans les banques alimentaires (article en anglais).
« Des gens de tous horizons sont susceptibles de vivre une période de crise, ajoute Mme Kaiser. On sait que si le budget est serré, on coupe souvent dans la nourriture. »
Grâce à la mission de Banques alimentaires Canada d’éliminer la faim comme priorité, nous avons continué notre route vers l’est en nous rendant au Saskatoon Food Bank and Learning Centre. Nous avons découvert que leurs principaux services d’urgence comprennent une ferme urbaine au nom adorable, Garden Patch, un programme alimentaire, un dépôt de vêtements, un comptoir d’information fiscale, des cours de cuisine ainsi que des programmes éducatifs et des ateliers pour favoriser l’employabilité de leurs clients.
L’un des services d’emploi les plus novateurs offerts au Saskatoon Food Bank and Learning Centre est l’exploration professionnelle en réalité virtuelle, qui permet aux clients d’essayer différents types de travail à même les locaux de la banque alimentaire, comme celui d’opérateur de machinerie lourde.
Nous avons terminé notre tour des provinces des Prairies en visitant nos amis de Harvest Manitoba. Ils nous ont appris qu’ils servent chaque mois plus d’un million de livres de nourriture à 85 000 Manitobains en partenariat avec des banques alimentaires et des organismes locaux.
Nous avons également discuté du travail essentiel effectué par Banques alimentaires Canada en partenariat avec Harvest Manitoba dans le cadre de nos efforts pour aider les communautés autochtones éloignées du Grand Nord, comme Shamattawa et Fort Severn.
VISIONNER : Soulager la faim le long des routes de glace
Plus de 2 000 kilomètres plus tard, notre escapade routière estivale nous a menés dans la capitale nationale pour remettre les clés à la Banque d’alimentation d’Ottawa, ce qui fait écho aux préoccupations de l’ensemble du réseau national au sujet d’une forte hausse des besoins en première ligne.
La Banque d’alimentation d’Ottawa, qui servait déjà environ 44 000 personnes par mois avant la pandémie, voit maintenant 51 000 personnes franchir ses portes chaque mois, ce qui représente une hausse de 39 % de la demande.
Toutefois, grâce à sa ferme du Programme de récolte communautaire de 8 acres, 40 % des aliments distribués sont frais. La banque alimentaire est prête à répondre à la demande croissante, tout comme son réseau de soutien composé de bénévoles, de livreurs, de donateurs, d’agriculteurs, de solliciteurs communautaires, de défenseurs, d’entreprises partenaires et d’organismes membres.
Nous sommes ensuite rendus dans la belle province du Québec, chez Moisson Montréal. En activité depuis 1984, Moisson Montréal offre une aide alimentaire à plus de 300 organismes et acteurs communautaires.
Moisson Montréal nous a fait visiter son impressionnant entrepôt qui comprend une installation pour préparer et transformer les fruits et légumes frais afin qu’ils se conservent longtemps et puissent être distribués en hiver. Grâce à ces efforts, ils ont pu augmenter leur approvisionnement en fruits et légumes non transformés de plus de 45 % l’an dernier.
Nous nous sommes ensuite envolés virtuellement au centre communautaire d’alimentation Qajuqturvik à Iqaluit, au Nunavut. Le centre, simple soupe populaire à ses débuts en 2007, propose maintenant des services alimentaires d’urgence, des cours de cuisine, des camps d’été, de la formation et des ateliers, en plus d’initiatives de défense des intérêts, et plus encore aux personnes dans le besoin dans la plus grande ville du territoire.
À Banques alimentaires Canada, nous savons que les causes de l’insécurité alimentaire, soit la pauvreté et les faibles revenus, sont exacerbées dans le Nord en raison des tentatives de destruction des systèmes alimentaires locaux par les puissances coloniales. C’est pourquoi le centre communautaire d’alimentation de Qajuqturvik fait du soutien aux chasseurs et aux cueilleurs un élément central de son travail, tout en préconisant des politiques pour lutter contre la pauvreté au Nunavut.
Par exemple, le programme de paniers alimentaires à contribution volontaire aide à conserver les aliments traditionnels comme l’omble chevalier, le phoque, le narval et l’ours polaire à un prix abordable tout en fournissant aux chasseurs locaux une source de revenus constante.
Après s’être rendus dans les provinces de l’Atlantique pour la dernière étape de notre voyage, nos hôtes du Upper Room Hospitality Ministry, à l’Île-du-Prince-Édouard, ont fait preuve d’une hospitalité chaleureuse toute à leur honneur. Ils ont commencé leurs activités en 1984 en tant que soupe populaire et travaillent maintenant comme organisme hybride comprenant une banque alimentaire et une association provinciale.
Le personnel du Upper Room Hospitality Ministry nous a montré ses installations et nous a présenté les bénévoles dévoués, et a indiqué que, comme ailleurs au Canada, la hausse du coût de la vie entraîne une augmentation des besoins. Ainsi, bon nombre des 3 600 personnes qui accèdent à leurs services chaque mois le font pour la toute première fois.
« À l’Île-du-Prince-Édouard, les gens s’aident les uns les autres. Nous sommes entourés de gens au grand cœur, affirme Nicole Mountain, du Upper Room Hospitality Ministry. L’augmentation des besoins et du nombre de personnes en difficulté dans la communauté est un dur constat. »
Nous avons ensuite fait un saut à la banque alimentaire Greener Village à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. L’organisme de bienfaisance, un des premiers de la région, a ouvert ses portes en 1983 sous le nom de The Fredericton Food Bank avant de déménager dans ses installations actuelles, qui abritaient une pépinière jusqu’en 2012.
Greener Village nous a offert une incroyable visite aérienne de son jardin communautaire, et nous avons même essayé quelques tenues amusantes à sa boutique de vêtements usagés Unique Boutique.
Notre escapade routière virtuelle estivale s’est terminée à la fin août aux bureaux de Feed Nova Scotia, à Dartmouth. L’organisme a commencé à servir la région d’Halifax sous le nom de Metro Food Bank Society en 1984 avant de devenir l’organisme-cadre des banques alimentaires de la province en 2002.
Aujourd’hui, Feed Nova Scotia distribue plus de trois millions de kilogrammes de nourriture par année à quelque 140 banques alimentaires, programmes de repas et refuges. En plus de contribuer à répondre aux besoins essentiels des Néo-Écossais en matière d’alimentation, l’organisme sensibilise la population aux causes profondes de l’insécurité alimentaire, comme le racisme systémique, les faibles salaires, l’inadéquation du soutien du revenu et les logements inabordables, et préconise des solutions durables fondées sur des politiques qui permettront à tous de s’épanouir et de vivre dans la dignité.
Maintenant que nous sommes de retour à la maison et que nous avons défait tous nos bagages (ou presque), nous pouvons constater que deux tendances préoccupantes se dessinent au pays. Tout d’abord, la demande pour les banques alimentaires augmente en raison de la flambée de l’inflation. Deuxièmement, bon nombre des personnes dans le besoin fréquentent les banques alimentaires pour la première fois.
Selon un sondage national mené par Banques alimentaires Canada plus tôt cette année, une personne sur quatre admet sauter des repas ou manger moins qu’elle ne le devrait parce qu’elle n’en a tout simplement pas les moyens. De plus, 61 % de ces personnes ont déclaré que le logement était leur principal obstacle à leur capacité de se procurer suffisamment de denrées fraîches.
C’est pourquoi nous devons inciter le gouvernement à instaurer de nouvelles mesures de soutien pour les locataires à faible revenu et un seuil de revenu minimum pour tous les Canadiens afin qu’ils puissent se relever et aller de l’avant.